@article{Nko’o Amvene_Mbede_Biwole Sida_Abena Obama_2019, title={Pr Joseph MBEDE : Une Vie Entière Consacrée à la Santé des Enfants}, volume={20}, url={http://hsd-fmsb.org/index.php/hsd/article/view/1431}, DOI={10.5281/hsd.v20i3.1431}, abstractNote={<strong> </strong><table width="0" border="0" cellspacing="0" cellpadding="0"><tbody><tr><td rowspan="2" valign="top" width="671"><p>Le <strong>Professeur Joseph Mbede</strong> s’est éteint au matin du 19 mars 2019, des suites de la longue maladie qu’il avait courageusement combattue pendant des années. Celui qui avait dédié sa vie à sauver les vies des enfants est finalement tombé, les armes à la main, comme un héros Ékang. Le monde hospitalo-universitaire gardera de lui le souvenir d’un orfèvre de la pédiatrie africaine, fin clinicien, Maitre rigoureux doué d’un savoir encyclopédique, manager exceptionnel mais aussi défenseur infatigable de la cause des enfants. C’est ainsi qu’il fut Conseiller Pédagogique au Centre Universitaire des Sciences de la Santé (CUSS), Directeur du Centre Hospitalier et Universitaire (CHU) - le plus prestigieux hôpital camerounais des années 80 -, trois fois Ministre entre 1988 et 1998, Président du Comité d’Éthique de la Faculté de Médecine et des Sciences Biomédicales (FMSB) de l’Université de Yaoundé I, Président du Conseil d’Administration du Centre Pasteur du Cameroun, Membre du Comité Exécutif de l’OMS, Membre du Conseil d’Administration du Centre International de l’Enfance de Paris, Président de la Société Camerounaise de Pédiatrie entre autres.</p><p>Pour ceux qui l’ont côtoyé et admiré, il doit ce destin hors du commun à son caractère, mais aussi aux abondantes bénédictions qu’il reçut de Dieu et de ses parents, car il fut dans sa jeunesse un fils modèle, et durant toute sa vie un chrétien engagé et un patriote intègre et convaincu. Health Sciences and Diseases (HSD) rend un vibrant hommage à cette étoile majestueuse de l’enseignement supérieur, ce baobab de la médecine, cette icône de la pédiatrie et à ce visionnaire de la politique camerounaise de santé. Par la même occasion, il présente ses sincères condoléances et l’expression de ses sentiments émus à Madame Laurentine Koa Mfegue Épouse Mbede, aux enfants et petits-enfants et à tous les Etenga de Nkôltsit (Soa) dont il fut un patriarche digne et vénéré<strong>.</strong></p><p><strong> </strong>Le Pr J. Mbede nait le 27 juillet 1936 à Nkôltsit (Soa) d’un père infirmier. Il est le deuxième d’une fratrie de trois enfants et unique garçon. À l’issue de brillantes études secondaires au Collège Vogt (1950-1957), il obtient son Baccalauréat ès sciences expérimentales en 1957, puis il s’envole pour Strasbourg où il fait ses études médicales. En 1968, il obtient le Doctorat d’État en Médecine et le titre de Spécialiste de Pédiatrie et Puériculture, après avoir été externe puis interne des Hôpitaux de Strasbourg. Entre 1968 à 1973, il est Assistant, puis Chef de Clinique dans les Hôpitaux de Strasbourg. En 1973, il décroche brillamment le concours français d’agrégation de pédiatrie à Paris et devient ainsi le premier Agrégé camerounais dans son domaine. Il aurait pu rester à Strasbourg comme tant d’autres pour y mener une brillante carrière  hospitalo-universitaire avec en prime un salaire confortable. Mais il choisit de revenir dans son pays en 1970 pour créer et diriger le premier service de pédiatrie de l’Hôpital Central de Yaoundé, le Pavillon Baudeloque, érigé plus tard en Centre Mère Enfant au sein de la Fondation Chantal Biya. Nommé Directeur du CHU, il y organise un service de pédiatrie moderne qu’il a magistralement dirigé pendant plus de 20 ans, en dépit de ses lourdes fonctions administratives et politiques.</p><p>Dans le registre hospitalier, le Pr J. Mbede a été un pédiatre hors pair. Il savait parler aux enfants et obtenir leur amour. Des générations d’enfants lui doivent la santé et la vie, grâce à sa patience, son intelligence, son dévouement, mais aussi la rigueur de l’organisation qu’il a su imposer. Dans sa pratique, il a accordé une attention particulière aux plus fragiles, aux plus vulnérables, aux moins nantis, payant souvent de sa poche les médicaments lorsque la situation l’exigeait. Cet attachement aux déshérités, ce détachement des contingences matérielles, il les doit sans doute à son éducation. Le Pr J. Mbede a en effet effectué ses études secondaires dans les établissements confessionnels catholiques qui lui ont inculqué le sens de la discipline, de l’effort, du travail bien fait ainsi que l’humilité, l’intégrité et l’objectivité qui ont été les valeurs qui ont dominé sa vie. D’ailleurs, lorsqu’il est libéré de ses fonctions de Membre du Gouvernement, il s’empresse de reprendre ses activités de Pédiatre en présidant au Ministère de la Santé Publique le Comité National de Certification de la Poliomyélite et en y dirigeant plusieurs cours de Prise en Charge Intégrée des Maladies de l’Enfant (PCIME). À cet effet, il prend soin d’acquérir les ouvrages les plus récents pour se remettre à niveau et ne pas être en déphasage avec l’évolution de la Pédiatrie. L’abonnement à de journaux en ligne y était naturellement en bonne place.</p><p>Sur le plan universitaire, le Pr Mbede a consacré plus de 40 ans de sa vie à l’enseignement de la médecine. Ce faisant, il a formé des milliers d’étudiants en médecine ou en soins infirmiers et des centaines de spécialistes de toutes les disciplines. C’est en 1974 qu’il est recruté comme enseignant au CUSS. Il a occupé dans ce prestigieux établissement devenu plus tard la FMSB, les fonctions de Coordinateur de la formation des études médicales de 4ème année (1974-1977) puis de Conseiller Pédagogique (1977-1978), succédant à ce poste au Pr René Essomba, un autre Baobab de la médecine camerounaise et un des pères fondateurs du CUSS. Beaucoup se souviennent encore des explications lumineuses de celui qu’on surnommait l’Ayatollah lors des grandes rondes et des « soviets », où la pertinence de ses prises de position ne s’embarrassait pas de diplomatie. Son enseignement était axé sur l’acquisition des compétences et des attitudes et ne se limitait pas au savoir savant. Exigent envers ses étudiants et visionnaire, il avait déjà anticipé et pratiquait le tryptique assurance qualité, professionnalisation de la formation et employabilité des diplômés qui est le paradigme actuel de l’enseignement supérieur au Cameroun. Ses recherches ont porté sur la prématurité, la vaccinologie, les maladies infectieuses et parasitaires de l’enfant et l’oncologie pédiatrique. En reconnaissance de ses qualités pédagogiques, la République Française lui a décerné en 1983 les Palmes Académiques.</p><p>Dans la haute administration, le Pr Mbede est âgé de 42 ans en 1978, lorsqu’il prend la direction du CHU. Il lui faut tout concevoir, tout organiser et tout mettre en œuvre, depuis le logo et le dossier médical jusqu’aux procédures administratives et financières, et aux protocoles de soin. Armé de son courage et de sa science, et entouré d’une équipe compétente et dynamique dont le Professeur WFT Muna, cardiologue de haute valeur et ami de longue date, il gagne le pari et fait du CHU le fleuron  du système de santé camerounais des années 80. C’est sous son mandat que la chirurgie cardiaque est introduite au Cameroun, afin de réduire les évacuations sanitaires et de relever le niveau de qualité des prestations. Il confirme plus tard ses talents de Manager lorsque le Président de la République lui confie en 1988 les rênes du Ministère de la Santé Publique. Il y pose alors les bases de l’organisation actuelle du système de santé camerounais, notamment la mise en place des districts de santé et de leurs structures de dialogue, du système de recouvrement des coûts et de la vente des médicaments essentiels dans les hôpitaux, ainsi que la mise en place de la Centrale Nationale d’Approvisionnement en Médicaments Essentiels. C’est sous sa houlette que la Conférence Médicale Nationale du Cameroun, cette formidable structure de formation continue des professionnels de santé, connaît ses heures de gloire.  Plus tard, comme Ministre de la Recherche Scientifique et Technique entre 1994 et 1996, il a revitalisé la recherche agricole grâce à la création de l’Institut de Recherche Agricole pour le développement (IRAD), la restructuration des filières palmier à huile et hévéa. Par la suite, il a mené à bien la réorganisation et l’autonomisation de Camdiagnostix au sein de l’Institut de Recherche Médicale  et des Plantes Médicinales (IMPM).</p><p>Sur le plan politique, le Pr J. Mbede a milité au sein du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais, Parti politique majoritaire au Cameroun, ayant pour Président National S.E.M. Paul Biya, Président de la République. Ses camarades du Comité Central dont il était membre titulaire se souviennent de l’intelligence de ses interventions toujours empreintes de mesure et d’altruisme.</p><p>Sur le plan personnel, le Pr J. Mbede a relevé tout au long de sa vie d’innombrables défis. Se fondant sur ses mérites et ses réalisations, son entourage ne manquait pas de placer sur ses épaules des attentes énormes, mais il les surmontait invariablement à force de travail, d’exigences envers soi et envers les autres, de quête de l’excellence, mais aussi de justice, d’humilité et d’humanité. Ainsi, le Pr Mbede, bien que Directeur du CHU, n’hésitait pas à prendre une garde pour permettre à un jeune collègue de souffler lorsqu’il décelait des signes de fatigue pendant les périodes de grande affluence.</p><p>Si sur le plan professionnel, le Pr Mbede fait déjà partie de l’histoire de notre système de santé, c’est l’homme de cœur qui va manquer à sa famille et à ses proches. En effet, le Pr J. Mbede fut un homme, un vrai. Il a eu la grâce de recevoir de Dieu une épouse remarquable qui a été le pilier de sa vie. Ils se sont rencontrés en 1966, se sont mariés en 1971 et ne se sont plus quittés. Tout au long de sa vie, Laurentine Mbede a été pour son mari une amante, une conseillère, une mère, une sœur, une amie, tout en menant de son côté une brillante carrière politique comme maire puis parlementaire. Elle a élevé avec lui six enfants (dont 2 médecins) et su bâtir à ses côtés une famille unie. Malgré ses occupations, le Pr Mbede a trouvé le temps d’être amateur de musique (il fut un virtuose de la guitare dans sa jeunesse), de sport (tennis) et de photographie. Il fut également un passionné des TIC et d’agriculture.</p><p>Ted Kennedy, parlant de son frère Bob a dit : « Il n’a pas besoin d’être idéalisé après sa mort ; ce qu’il a accompli de son vivant est déjà suffisant pour faire de lui un Géant ». HSD fait sienne et applique à notre Maître cette belle pensée. La Communauté Universitaire nationale, sous le magistère institutionnel du Pr Jacques Fame Ndongo, Ministre d’État, Ministre de l’Enseignement Supérieur, Chancelier des Ordres Académiques, rend un ultime hommage à cet éminent universitaire qui a surfé sur les cimes de l’enseignement, de la recherche et de l’appui au développement. Le Cameroun tout entier l’honore, non seulement à cause du prestige des fonctions qu’il a occupées, mais aussi et surtout parce qu’il a été un héros du quotidien. Il a combattu le bon combat et l’a gagné, non par vanité ou ambition ou appât du gain, mais grâce à la force de ses convictions et par amour pour son Dieu, son pays, son métier et par-dessus tout pour les enfants.<strong></strong></p></td><td width="0" height="687"> </td></tr><tr><td width="0" height="45"> </td></tr></tbody></table>}, number={3}, journal={HEALTH SCIENCES AND DISEASE}, author={Nko’o Amvene, Samuel and Mbede, Maggy and Biwole Sida, Magloire and Abena Obama, Marie Thérèse}, year={2019}, month={Apr.} }