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Abstract
Les hépatites virales (HV) constituent une préoccupation mondiale à bien des égards et ont suscité ces dernières décennies une attention croissante et méritée. Alors que les hépatites B et D vivent encore des difficultés certaines au plan thérapeutique, l’hépatite C (ou mieux les hépatites C) a été le sujet d’avancées majeures aussi bien sur le plan diagnostique que sur le plan de la prise en charge.
Quand, en 1989, l’équipe de Monsieur le Professeur Jean Philippe Miguet du CHU de Besançon, dont nous avons eu l’insigne honneur de faire modestement partie, a procédé aux premiers tests de recherche de l’anticorps dirigé contre le virus de l’hépatite C appelé peu de temps avant encore hépatite non A non B, sur 13 échantillons issus d’une sérothèque, nous étions loin d’imaginer que moins de 20 ans après, nous en serions à déterminer le génotype et à quantifier l’ARN du virus de l’hépatite C. Quand la même équipe commençait le traitement de l’hépatite C par l’interféron classique (INTRONA*), nos espérances les plus optimistes n’entrevoyaient pas les antiviraux d’action directe (AAD) de sitôt. Pourtant nous y voici ! Ces antiviraux sont effectivement disponibles. Mieux encore, les fabricants quel que soient leurs enseignes, sont de plus en plus nombreux.
Ainsi, plusieurs pays dans le monde, dont le Cameroun, ont eu le privilège de bénéficier de réductions substantielles sur le coût de ces médicaments, maintenant acquis aux prix d’usine. En conséquence, de nombreuses personnes accèdent de plus en plus à ces nouveaux traitements, même si des efforts supplémentaires sont encore nécessaires. Il en résulte une amélioration sensible de leur qualité de vie liée notamment à la réduction drastique voire l’inexistence des effets indésirables.
Ces avancées notables résultent de la conjugaison de plusieurs efforts et actions, parmi lesquels le plaidoyer des décideurs politiques, la pression des associations de malades et le dynamisme des équipes de recherche dans le domaine sont à signaler. Grâce à eux, la visibilité du Cameroun est désormais un fait indéniable et il faut s’en féliciter. En effet, les équipes locales sont impliquées de façon résolue à la recherche de solutions pertinentes, utiles, pratiques et applicables dans nos populations. Divers aspects ont ainsi été adressés, du diagnostic au traitement en passant par l’itinéraire thérapeutique, les investigations para cliniques dont l’imagerie et la biologie moléculaire. Il était en effet indiqué de savoir d’où nous venons, de faire le point de la situation actuelle, et de nous projeter dans le futur, sans complexe, avec assurance et détermination.
Pour le moment, nous devons reconnaître que pour un certain temps encore, les patients seront au Sud et les médicaments (fabriqués) au Nord. De ce fait, les équipes de recherche du Sud et du Nord doivent conjuguer leurs efforts et mutualiser leurs moyens pour jeter la lumière sur les nombreuses zones d’ombre qui persistent. En effet, outre le fait que certains aspects épidémiologiques demeurent mal connus, il est clair que les réalités sur les réponses thérapeutiques doivent s’appuyer sur des communautés ayant des éléments de génétique communs. Mais, sur le plan local, il urge aussi de bousculer certaines lenteurs que nous déplorons trop souvent dans les décisions. Comment comprendre que l’on peine à instaurer le vaccin monovalent contre l’hépatite B dans plusieurs pays de forte endémicité ? Comment comprendre que les financements de la recherche sur les HV (pourtant connues comme des maladies sexuellement transmissibles) aient du mal à se mobiliser ?
Ce numéro de Health Sciences and Diseases est essentiellement consacré aux hépatites virales. La plupart des articles sont issus des travaux du laboratoire de Recherche sur les Hépatites Virales et la Communication Santé de l’Université de Yaoundé I. La proximité avec la journée mondiale de lutte contre les HV a servi de prétexte à cette compilation. Il faut saluer à juste titre cette commémoration qui marque un signe fort, une alerte, bref une vraie prise de conscience sur la nécessité de mener un combat sans merci contre ces tueurs silencieux.
Pour terminer, c’est le lieu d’exprimer notre sincère gratitude à l’endroit des firmes pharmaceutiques pour leurs divers engagements dans les pays à revenus intermédiaires. Leurs actions conjuguées au fait que de nombreux brevets d’invention sur les procédés de diagnostic, de prévention et de traitement des HV sont maintenant tombés dans le domaine public, devraient permettre à un plus grand nombre de patients d’accéder à des soins de qualité à moindre coût.