Faisabilité de la Démédicalisation du Diagnostic du VIH au Cameroun : Expérimentation de l’Autotest du VIH dans les « Populations Clés »

Abstract

RÉSUMÉ
Introduction. Avec environ 94% des personnes vivant avec le VIH qui connaissent leur statut, le Cameroun a globalement un succès dans le dépistage. Toutefois les données programmatiques montrent que certaines cibles sont mal couvertes par cette intervention. L’auto-dépistage est une stratégie recommandée par l’OMS pour atteindre les populations difficiles d’accès. Ainsi, notre étude a exploré à Yaoundé l’acceptabilité, le profil des participants acceptant l’autotest et les motivations liées à son usage. Matériels et méthodes. Il s’agit d’une étude transversale et descriptive menée du 27 janvier au 31 mars 2018 en deux phases chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) et les travailleuses de sexe (TS). La première phase était la distribution des kits d’autotests et la deuxième a consisté en une évaluation post-test. Résultats. Au total, 601 HSH et 870 TS ont été approchés pour l’autotest, dont 549 (91,3%) HSH et 650 (74,7%) TS ont été jugés éligibles pour l’étude. L'adoption de l’autotest était de 90% (495/549) chez les HSH et 87% (568/650) chez les TS. Dans l'ensemble, 67 HSH (13,6%) et 108 (19,2%) TS avaient déjà été testés pour le VIH plus de 12 mois auparavant ou jamais. La raison la plus fréquemment évoquée pour prendre un autotest était le désir de connaître le statut VIH (HSH : 38% ; FSW : 26%). Seulement 3% des participants ont indiqué l’avantage lié à la confidentialité. Conclusion. L’auto dépistage du VIH a été accepté par les populations TS et HSH à Yaoundé. La raison principale était davantage la disponibilité dans ce milieu caché plutôt que la confidentialité.

ABSTRACT
Introduction. With about 94% of people living with HIV knowing their status, Cameroon has a great success rate in screening overall. However, programmatic data show that some population targets are poorly covered by this intervention. Self-screening is an alternative strategy recommended by the WHO to target hard-to-reach populations. In Yaoundé, this study explored the acceptability, the profile of participants accepting the HIV self-test and the motivations related to its use. Methodology. This was a cross-sectional and descriptive study conducted in Yaoundé from January 27 to March 31, 2018 in two main phases among Men Who Have Sex with Men (MSM) and sex workers (SWs): a phase of distribution of self-testing kits in the drop-in center and local distribution, and a phase of post-test evaluation. Results. A total of 601 MSMs and 870 SWs were recruited for self-testing, of which 549 (91.3%) MSMs and 650 (74.7%) SWs were considered eligible for the study. The uptake of self-testing was 90% (495/549) MSM and 87% (568/650) SW. Overall, 67 (13.6%) MSM and 108 (19.2%) SW had been tested for HIV more than 12 months previously or never before. The most frequently reported reason for taking a self-test was the desire to know HIV status (MSM: 38%; SW: 26%). Only 3% of participants mentioned the benefit of confidentiality. Conclusion. HIV self-testing has been accepted by the SW and MSM populations in Yaoundé. The main reason was more the convenience and availability in this often hidden environment rather than confidentiality.