Le handicap : un problème insuffisamment étudié dans nos sociétés

Abstract

Dans ce numéro de HSD, quatre articles abordent directement ou indirectement le problème du handicap. Sur le plan mondial, le handicap affecte 15% de la population mondiale, soit près d’un milliard de personnes. Au Cameroun, il affecterait 5.4 % de la population soit plus d’un million d’individus, les types d'handicap les plus fréquents intéressant les membres (surtout inférieurs), la vue, l’audition, et l’intellect. Les causes de ces handicaps sont en rapport avec les accidents de la voie publique, mais aussi les lésions périnatales.

Le handicap est une notion à la fois médicale et sociale. Il désigne la limitation des possibilités d'interaction d'un individu avec son environnement en termes d'accessibilité, d'expression, de compréhension ou d'appréhension. Cette limitation est due à une déficience provoquant une incapacité, permanente ou non, menant à un stress et à des difficultés morales, intellectuelles, sociales et/ou physiques. C’est une notion à forte charge émotionnelle, qui n’a été que peu étudiée en Afrique subsaharienne sur le plan médical, même si elle a été abordée par quelques travaux à orientation sociale.  Le handicapé est stigmatisé dans la plupart des sociétés, mais il est encore plus fragilisé en Afrique du fait de son statut économique précaire et de nombreuses pesanteurs socioculturelles .

Au Cameroun, le handicap est défini dans la loi N 2010/002 du 13 avril 2010 portant protection et promotion des personnes handicapées. Dans cette loi, la personne handicapée est toute personne dans l’incapacité d’assurer par elle-même tout ou partie des nécessités d’une vie individuelle ou sociale, du fait d’une déficience physique ou mentale, congénitale ou non. La loi camerounaise distingue 3 catégories d’handicapés : les handicapés physiques, les handicapés mentaux et les polyhandicapés. La loi pose aussi comme une obligation de solidarité nationale la prévention du handicap, la réadaptation et l’intégration psychologique, sociale et économique de la personne handicapée et recommande d’associer pour concrétiser l’obligation de solidarité no seulement l’État, mais aussi les familles et les personnes physiques ou morales.

La prévention, la réhabilitation et l’intégration du handicap ont des composantes à la fois médicales et sociales. Toutefois, ceci est encore insuffisamment reflété à la fois dans les politiques d’admission et les infrastructures des établissements de formation médicale même si la tendance est à l’amélioration. De même, l’examen des programmes d’enseignement et de recherche dans les établissements de formation et de recherche confirme cette marginalisation d’un problème qui répond pourtant à tous les critères d’un problème de santé publique. Il est temps de corriger cette situation. À cet effet, Health Sciences and Diseases invite les chercheurs à initier des travaux ambitieux pluridisciplinaires sur le handicap au Cameroun et dans la sous région